Les 7, 8 et 9 novembre 2018, 4 techniciens de l’Agence ont participé à la 39ème Rencontre des agences d’urbanisme. Co-organisée par les agences d’urbanisme Flandre-Dunkerque, Lille-métropole et la Fédération Nationale des Agences d’Urbanisme, cette rencontre a permis de réunir près de 950 participants issus des collectivités locales, de l’Etat, des agences d’urbanisme et du monde universitaire et professionnel.

Au cours de ces trois jours d’échanges et de réflexions autour de l’innovation et du design, l’AURCA a participé à 4 workshops des 14 proposés :

 

1/ Territoires et transitions (Dunkerque, Grande-Synthe) : Capacité d’anticipation et d’adaptation face à la rapidité de changements (climatiques, technologiques ou sociétaux) ont été les sujets abordés dans un 1er temps. Le constat d’une certaine lenteur des actions face à l’ampleur des enjeux, a été fait de manière générale. Techniciens et professionnels du territoire ont pu échanger sur leurs propres expériences et proposer des actions permettant de transformer le modèle actuel afin de tendre vers une société plus pertinente et soutenable.

Accompagnés par le Maire de Grand Synthe, une visite de la ville en transition était organisée : circuits courts, jardins partagés, ressourcerie urbaine, université libre dans une maison passive, etc. Un bel exemple de bonnes résolutions mises en pratique dès aujourd’hui afin d’anticiper au lieu de subir les « chocs du changement » en cours.

 

4/ Révolution collaborative & nouvelle action publique (Dunkerque, Téteghem-Coudekerque-Village) : l’aménagement du territoire ne saurait se faire sans ses usagers qui sont d’ailleurs en demande d’une gouvernance plus collaborative avec les acteurs publics. De ce postulat devaient s’interroger les participants au workshop : comment équilibrer le dialogue entre les citoyens et les acteurs publics ? Comment faire de l’initiative citoyenne un outil de projet ? Le modèle de la concertation a-t-il des limites ? Quelles sont les conditions favorables à l’apprentissage réciproque ? Les échanges ont montré la nécessité de repenser les méthodes de conception afin de construire le projet de façon plus horizontale. Solliciter les usagers, prendre en compte leurs besoins, vivre leurs pratiques, équilibrer la parole et les décisions de façon collective… Chaque action devrait être mesurée afin de donner du poids à l’initiative citoyenne.

Sociologues, urbanistes et élus ont relaté leurs expériences collectives, du projet participatif à l’expérimentation agile en urbanisme : certaines pratiques comme la concertation ont trouvé leurs limites et demandent à ce que les décisions soient davantage collectives et équitables. La permanence des designers devrait être un pré-requis afin que le projet ne s’impose plus au site mais bien l’inverse. Il faudrait construire le commun sans attendre de résultats, imaginer une ville vécue dans une mise en chantier permanente. La réversibilité de l’action, ou ne serait-ce que sa révision, dessinent des mécanismes d’essai et de correction nécessaires pour progresser et améliorer la qualité de vie.

Un mot a été retenu, le POC (Proof Of Concept). Si l’expérimentation ou le prototype élaboré par les usagers fait POC alors il démontre sa pertinence pour le public aux élus. C’est une logique de coproduction des politiques publiques dont Dunkerque a su s’emparer : transport public gratuit, convivialité urbaine, solidarité de l’emploi, transformation du regard sur la ville… etc. L’intelligence collective au service du bien vivre ensemble.

 

5/ Urbanisme tactique (Roubaix, Tourcoing) : expérimenter avant d’aménager. Les réflexions de l’IAU-IDF ainsi que de riches retours d’expériences (l’Autre Soie à Villeurbanne, Oude Dokken de Gand, ferme urbaine du Trichon, jardins flottants de Rennes, ville de Strasbourg) ont permis d’approcher par différentes échelles et formes de projet la notion d’urbanisme dit transitoire.

Cet urbanisme à court terme, pouvant intervenir de manière isolée ou en amont de projet urbain de plus grande envergure, a pour objectif de stimuler et d’amplifier les usages pour provoquer un changement et faire vivre un lieu. Il peut même contribuer à guider voire réorienter le projet global dans lequel il s’intègre. Le lien avec les citoyens, qu’ils soient habitants, usagers potentiels, acteurs économiques ou culturels est fort, l’urbanisme tactique faisant appel à l’expertise citoyenne et se plaçant dans une logique de développement du lien social.

Les échanges ont mis en avant les agences d’urbanisme comme structures privilégiées pour explorer et développer cet outil, pour expérimenter, réajuster et ainsi permettre de faire évoluer le format classique du projet.

L’atelier a également permis de découvrir le site de la Condition Publique de Roubaix, lieu de vie, de travail et de diffusion, au croisement entre culture et innovation sociale, urbaine et environnementale.

 

7/ Metropolitan design (Tourcoing) : (re)dessiner l’image et le projet à la grande échelle. A Lille ce sont des réflexions grandes échelles qui ont guidé les échanges : tissu urbain dispersé, paysage fragmenté, interactions et flux étendus ; les grands territoires d’aujourd’hui s’avèrent marqués par une géographie difficile à comprendre et un avenir difficile à imaginer.

Ainsi, le concept de « Metropolitan Design » explorant les possibilités d’un grand territoire à partir de ses propres caractéristiques, en s’appuyant sur une dimension créative et un travail à multiples échelles c’est incarné au travers de travaux passionnants tels que ceux de l’agence Particule. Le « Metropolitan Design » est alors apparu comme une méthode complémentaire à la planification territoriale, qu’il paraît nécessaire de développer au sein des agences d’urbanisme pour l’utiliser en vue de rendre la planification territoriale plus accessible aux différents acteurs. En plus de souligner le rôle des agences d’urbanisme comme moteur de l’innovation territoriale, les différentes interventions ont démontré le rôle primordial des agences dans les opérations de revitalisation des territoires, la nécessité de replacer l’humain au centre des réflexions, ainsi que d’éclairer les politiques publiques sur les choix à opérer.